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15 février 2014

Dans le Jardin d'Iden - Kage Baker

 

Iden

 

Date de sortie : 2004

Pourquoi ce livre ?  Tout d'abord pour son originalité de ton. Lorsque j'ai eu 13-14 ans, biberonnée à Lanfeust, j'ai éprouvé l'envie de sortir des sentiers battus de la SF/fantasy. Suite à une critique publiée dans, justement, le Journal de Lanfeust, « Le jardin d'Iden » a fait parti des premiers heureux élus de cette quête littéraire prometteuse.

 Soyons francs : ce magazine (et par extension les éditions Soleil) propose rarement des BD excentriques ou innovantes, se contentant de rester dans la ligne de la fantasy moyenne mais traitée de façon efficace et professionnelle. En revanche, leurs pages consacrées à la critique littéraire ne m'ont jamais déçues et je les considérais jusqu'à recemment comme une très bonne référence pour dénicher des perles rares. Jasper Fforde ? Ils en ont parlé en temps et heure. Kage Baker ? Pareil. Je ne serai pas surprise qu'ils aient également chroniqué Scott Lynch dès le premier tome des aventures de Locke Lamora.

 Bref, autant leurs Bds me paraissent honnêtes sans être transcendantes (réaction de vieille? Signe de maturité ? Serai-je enfin sortie de l'adolescence ?), autant leurs articles littéraires sont des avis précieux qui se révélent souvent justes.

 

Le résumé:

XXIVe siècle. Une compagnie toute-puissante, Dr. Zeus, Inc., a découvert le voyage dans le temps. Son but : envoyer des agents immortels dans le passé à la recherche d'espèces vivantes disparues et d'un patrimoine culturel anéanti au cours des siècles. Mendoza est un de ces agents. Recrutée au XVIe siècle dans les donjons de l'Inquisition, elle montre très vite des capacités étonnantes en botanique. Sa première mission l'envoie en Angleterre, en 1554, période agitée qui voit Marie Tudor accéder au trône. Mendoza doit sauver une variété de houx (disparue cent ans plus tard) dans le jardin d'un certain William Iden. En compagnie d'autres agents "infiltrés", elle fait preuve d'une passion exclusive pour son travail. Malgré sa misanthropie notoire, elle s'attache pourtant à un mortel, un jeune hérétique idéaliste et fougueux. La période, hélas, ne se prête pas à une telle relation et Mendoza est tenue de taire sa véritable identité... Dans le jardin d'Iden mêle science-fiction et réalisme historique avec un style dynamique et un sens de l'humour ébouriffant. Voyage dans le temps, aventures historiques, passion romanesque, voici le premier récit d'une série d'aventures où l'on retrouvera Mendoza et ses collègues immortels. Une bonheur de lecture totalement jubilatoire !

 

Le scenario : Parfois je me demande s'il est vraiment judicieux de vouloir juger ainsi un livre à travers son scénario. De très bons livres ont une trame aussi épaisse qu'une feuille de papier cigarette, et le contraire existe aussi...

 C'est un élément important certes, voire primordial, mais est-ce vraiment indicatif ? Est ce vraiment utile ?

 Tout ça pour dire que je voulais écrire au sujet du jardin d'Iden ce que j'ai déjà dit pout 99% des autres chroniques écrites jusqu'à ce jour : « le scénario est pas mal, pas forcément très tarabiscoté, pas ultra simpliste non plus, bref voilà ça tient la route et ça permet à l'auteur de développer ses personnages ». Soit c'est moi qui ai du mal à me renouveler, soit en vérité il n'y pas grand chose à expliciter sur un scénario, si ce n'est de lire le livre directement.

 Rah, quelle magnifique critique littéraire je suis, vraiment :)

 Il faudrait juger le scénario à l'échelle globale de la série, et donc lire tous les tomes...tâche plutot difficile car seuls les deux premiers ont été traduits à ce jour.

 

Les personnages : En vérité, ce sont bel et bien les personnages qui sont à l'honneur dans ce premier tome. Il s'agit d'abord de se familiariser avec Mendoza et son mentor, ainsi qu'avec le fonctionnement de la Compagnie. Le scénario du premier tome est sans doute insignifiant en regard du « grand scénario » que l'auteur prévoit sans doute de déployer tout au long de sa série « La Compagnie ».

 L'héroine, c'est Mendoza. Une rousse espagnole, sauvée des donjons de l'Inquisition au XVIe siècle pour devenir une voyageuse du temps, spécialisée dans la botanique et l'Angleterre elisabéthaine, son corps modifié comme celui d'une... cyborg. Vous comprenez ce que je voulais dire en parlant d'originalité et de mélange des styles ?

 En dehors de Mendoza, il n'y a guère que deux autres personnages réellement importants. Trois, si l'on compte la Compagnie comme une entité presque humaine, ce qui est à mon avis l'impression voulue par l'auteure.

 On découvre finalement très peu de choses sur la Compagnie dans ce premier tome. Tout au plus comprend-t-on que sur des critères flous, certaines personnes sont choisies à certains époques, ces élus étant destinés à suivre leur formation (endoctrinement?) pour mener à bien les objectifs de la Compagnie. Ce manque d'information est à la fois frustrant, mais vraisemblablement voulu. Ainsi, il est plus facile de comprendre les sentiments de Mendoza, sa découverte du terrain lors de sa première véritable mission. Mendoza n'est à aucun moment chiante, MarySuesque ou banale. Tout au plus peut-on s'étonner de son apparent détachement par rapport à sa mission (personnellement, j'aurais été à deux doigts d'hyperventiler d'excitation à l'idée de voyager dans le temps). Le fin du livre n'en est que plus percutante : on assiste au réveil de Mendoza, à sa prise de conscience, et elle bascule tout à fait du coté de l'individu qui pense, agit et ressent plutot que de la simple « entité » envoyée sur ordre de la Compagnie (entitée pourtant douée d'une intelligence redoutable, ne me faites pas dire que Mendoza était au départ une oie écervelée!)

 

Le style/l'auteur : Style agréable, pas trop surchargé. On évite les longues descriptions, travers le plus courant de la fantasy et de la SF. L'humour portant plus sur l'ironie (le temps est exploité exactement l'espace : on ne prend pas ses vacances à Marrakech en 2013, mais dans l'Amérique amérindienne du XIVe!) que sur le comique de situation.

 

Bref : Au final, une œuvre assez atypique dans le paysage de la SF. Le voyage dans le temps est un sujet cliché, c'est la façon dont il est traité qui en fait toute la saveur, même si un tome ne suffit absolument pas pour statuer sur les limites du talent de Kage Baker (qui sont à mon avis largement au dessus de la moyenne).

 Le tome 2 de la série, « Coyote Céleste », se focalise sur le mentor de Mendoza, et si je l'ai un peu moins bien aimé, c'est plus à cause de la période choisie que de la narration, qui m'a parue plus portée sur l'ironie, tout à fait en accord avec ce personnage.

 Le 3eme tome n'a malheureusement pas été traduit en français (à ma connaissance), pourtant il est paru il y a treize ans maintenant !

 

Note : 18/20

 

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